Loin des images carte-postale de sable blanc et de mer translucide, les plages de l’île de Saint-Barthélémy se teintent de plus en plus de brun. Les algues sargasses viennent s’échouer sur le littoral, formant des couches compactes dépassant parfois le mètre d’épaisseur.
Une prolifération directement issue de l’activité humaine
« Ces algues naissent au large du Brésil, à l’embouchure de l’Amazone. Le fleuve charrie quantité de phosphates issus de la déforestation et de l’agriculture intensive. Les courants marins se chargent de faire le reste ». Partant ce constat, Pierre-Antoine Guibout a voulu faire bouger les choses.
Juriste de formation, il a toujours entretenu une curiosité et un sens entrepreneurial. « J’ai racheté une société qui fabrique du cirage et je me suis demandé comment incorporer des composants naturels afin de rendre nos produits moins agressifs pour l’environnement. »
L’idée fera long feu, l’utilisation des sargasses en poudre ne produisant pas les effets escomptés. Le jeune entrepreneur ne baisse pas les bras pour autant, et transforme la cuisine familiale en laboratoire. « Plusieurs batteries de casseroles y sont passées ! »
Une invention soutenue par le Crédit Agricole de Guadeloupe
Finalement, il met au point la formule magique qui permet de transformer les algues en pâte à papier : la pâte à sargasse a en effet les mêmes propriétés cellulosiques que le papier et le carton. Validé par le Centre d’étude et de valorisation des algues (CEVA) de Pleubian (Côtes-d’Armor), le procédé vient d’être homologué. Un premier site pilote de transformation va être installé en Guadeloupe.
Séduit par ce projet, la Caisse locale de Saint-Barthélémy a apporté son soutien à Pierre-Antoine Guibout. « Le Crédit Agricole de Guadeloupe m’a invité à venir présenter mon projet au cours d’un forum environnemental. C’est le début d’une relation qui pourra je l’espère se poursuivre lors de prochaines recherches de financement ».