Quels sont les chiffres-clés du surendettement aujourd'hui ?
Si l'on se penche sur les cinq dernières années, on observe qu'en moyenne la Banque de France reçoit plus de 210 000 demandes par an. Après une hausse continue de 2008 à 2011, on remarque une baisse du nombre de dossiers d'environ 4,5 % sur les douze derniers mois. A l'heure actuelle, on peut évaluer à environ 765 000 le nombre de ménages en surendettement et recensés à ce titre par le FICP (Fichier des incidents de remboursement de crédit aux particuliers).
Y-a-t-il eu une évolution notable du surendettement en France depuis la loi Neiertz de 1989 ?
Oui et sur plusieurs points. Je commencerai par rappeler qu'à l'époque de la loi Neiertz – qui a mis en place la Commission de surendettement –, on considérait qu'avoir 200 000 ménages surendettés était un phénomène provisoire. C'était clairement une sous-estimation ! Par ailleurs, il y a 20 ans, on pouvait considérer que les dossiers étaient répartis à parts égales entre un surendettement « actif » (lié à une consommation excessive de crédits) et un surendettement « passif », conséquence d'accidents de la vie.
Aujourd'hui, on constate que le surendettement reflète une certaine précarisation des situations : la proportion d'accédants à la propriété diminue fortement et on note en revanche une très forte augmentation du nombre de personnes en situation de très forte fragilité qui ne peuvent tout simplement plus faire face aux charges de la vie courante. Enfin, la pyramide des âges évolue également avec un poids croissant des plus de 55 ans et, même, des plus de 65 ans.
Quelle est la typologie des dettes ?
Actuellement, le niveau d'endettement moyen se situe aux alentours de 37 000 €, avec environ neuf dettes par ménages. Ces dernières sont essentiellement des dettes financières et des arriérés de charges courantes (présents dans plus de trois quarts des cas) : on trouve en particulier des crédits à la consommation et des prêts personnels dans 87 % des dossiers, des découverts et dépassements dans près de 6 dossiers sur 10 et des dettes immobilières dans 10 % des demandes.