L’Ille-et-Vilaine, département le plus peuplé de la région bretonne, conjugue dynamisme urbain et vitalité rurale, autour d’un pôle métropolitain — Rennes — qui attire, forme et irrigue. Ils sont près de 80 000 étudiants dans la capitale bretonne, deuxième meilleure ville étudiante de France après Paris. En Bretagne, différentes initiatives financées par le Crédit Agricole contribuent à créer des parcours d’insertion professionnelle et sociale. La 19e étape des Routes des Transitions nous emmène en Ille-et-Vilaine, ou le dynamisme territorial ouvre de nouveaux horizons à la jeunesse.
À Pipriac, commune rurale d’un peu moins de 4000 habitants, située à environ 45 km au sud-ouest de Rennes, l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée a pris corps dès janvier 2017 avec la création de Tézéa, toute première entreprise à but d’emploi (EBE) à voir le jour en France. Sa mission : offrir un CDI à toute personne privée d’emploi depuis au moins un an et résidant depuis six mois sur le territoire (Pipriac et le village voisin de Saint-Ganton).
« On ne recrute pas, on fait signer des contrats », nuance Serge Marhic, cofondateur de la structure. « Toute personne volontaire peut venir, et on lui trouve une activité non concurrentielle à exercer. » C’est ce principe radical d’inconditionnalité qui donne à Tézéa son caractère unique. En huit ans, 155 contrats ont été signés, pour une équipe actuelle de 60 salariés. Et pour répondre à leurs compétences et aspirations, Tézéa a développé pas moins de trente activités : blanchisserie, recyclerie, légumerie, épicerie, transport, nettoyage, fabrication de palettes…
Loin d’être une entreprise d’insertion classique, Tézéa ne fonctionne ni sur un temps limité, ni sur une obligation de sortie. Sur les 155 personnes passées par Tézéa, une vingtaine (environ 15%) ont été recrutées en CDI par d’autres entreprises du territoire. Pour les autres, l’EBE reste un espace de stabilité, de reconnaissance et de transformation.
Bien que Tézéa ne vise pas la rentabilité classique — elle a réalisé un peu plus de 700 000 euros de chiffre d’affaires en 2024 — elle assume pleinement son fonctionnement économique,
À Rennes, l’association Proxité accompagne des jeunes de 12 à 25 ans issus, pour la plupart, des quartiers prioritaires. Le principe est simple : créer un binôme entre un jeune et un mentor bénévole, généralement un professionnel en activité, pour construire une relation régulière et personnalisée.
« On lutte contre le déterminisme social », explique Sarah Magniez, 25 ans, chargée de parrainage. « L’idée, c’est d’aider ces jeunes à ne pas se censurer, à croire qu’ils peuvent viser plus haut que ce qu’on leur a parfois laissé entrevoir. »
Avec 160 binômes actifs depuis la rentrée scolaire, Sarah Magniez observe quotidiennement l’impact de ces rencontres. « Certains jeunes, pas forcément très à l’aise en classe, se révèlent en entretien individuel. Ils deviennent persévérants, rigoureux, et ça change leur posture même dans la vie scolaire. » Le mentorat, qui dure le temps de l’année scolaire ou étudiante, agit comme un levier discret mais puissant. Il aide à construire un projet, à explorer des filières, à s’orienter sans subir. Les mentors partagent leurs parcours, leurs doutes aussi, et surtout leur réseau, ce lien souvent décisif pour franchir les premières marches du monde professionnel.
« Les entreprises ont un rôle à jouer. Ouvrir leur porte, accueillir les jeune, soutenir les initiatives comme Proxité. C’est une relation gagnant-gagnant », conclue Sarah Magniez.
Chaque mercredi soir, d’octobre à mars, alors que les bureaux du siège de la Caisse du Crédit Agricole Ille-et-Vilaine se vident, des groupes d’étudiants prennent le relais. Ils sont une centaine cette année, venus d’écoles rennaises publiques, privées, de facs, de MJC ou de missions locales. Tous se retrouvent pour un même objectif : apprendre à prendre la parole.
« Ils arrivent à 18h30, studieux, assidus, motivés. Ce cours, ils ne veulent pas le manquer », sourit Béatrice Geinguene, l’une des initiatrices du projet et responsable de la filière Jeunes.
Depuis 2021, l’École de l’éloquence forme gratuitement les jeunes à l’art oratoire. Posture, structure, gestuelle, confiance en soi : les coachs les accompagnent semaine après semaine, jusqu’à monter sur scène en fin de saison pour s’exprimer devant un public.
L’idée a émergé en 2019 lors d’un concours de pitchs porté par des associations étudiantes. Paul et Nathan, deux élèves ingénieurs, rêvaient d’une école populaire de la parole. Etudiant en droit, en coiffure, sans diplôme… chacun a sa place. Ce sont les jeunes qui choisissent leur sujet selon leurs préoccupations. Ils veulent une société plus équitable, où l’on prend le temps d’écouter. Au terme de la saison, les jeunes se produisent dans des lieux prestigieux. Après un simple amphithéâtre la première année, c’est désormais au Couvent des Jacobins de Rennes qu’ils présentent leurs textes. Une École de l’éloquence qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « L’année prochaine, ils rêvent de l’opéra », confie Béatrice Geinguene.
Instance politique du Crédit Agricole, la Fédération nationale du Crédit Agricole est une association loi 1901. Ses adhérents sont les Caisses régionales, représentées par leurs présidents et leurs directeurs généraux.
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