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La région PACA a connu une augmentation moyenne de 2,1°C, ce qui en fait la région la plus touchée par le réchauffement climatique en France. En 2022 elle a enregistré un nombre record de jours de canicule et une baisse significative des précipitations estivales. Dès 2050, la région pourrait avoir un climat similaire à celui de l’Andalousie selon les scientifiques. Les impacts sont déjà visibles : manque de ressources hydriques, risque très fort d’incendie dans le Var. La 27e étape des Routes des Transitions est allée à la rencontre de ceux qui font face aux pénuries d’eau.
L’appellation des vins de Bandol, qui s’étend sur 1 500 hectares et regroupe 72 domaines, s’est engagée depuis 2018 dans une démarche proactive pour observer et comprendre les effets du changement climatique sur son vignoble. Sous l’impulsion de Cédric Gravier, président de l’AOC, et d’Olivier Colombano, son directeur, ce projet s’appuie sur des mesures scientifiques précises sur le terrain. Des capteurs de flux de sève, des sondes de sol, des chambres à pression et des stations météo ont été installés sur 17 parcelles pour mesurer l’impact de la météo sur la vigne.
L’objectif est de comprendre la réaction de la vigne au stress hydrique et thermique. Olivier Colombano explique : « On a vraiment pu mesurer l’impact des fortes chaleurs et ce qu’on appelle le pouvoir asséchant de l’air sur plusieurs jours consécutifs. Dans ces conditions, la plante se referme complètement sur elle-même pour éviter l’évapo-transpiration. » En période de canicule, la vigne entre en dormance, ce qui affecte directement la qualité et le calendrier des récoltes.
Ces changements ont transformé le métier de vigneron. « Le métier de vigneron n’est plus celui d’avant. Il est beaucoup plus pointu », observe Olivier Colombano. Les vignerons utilisent les données collectées pour ajuster leurs pratiques en fonction de leur terroir. Les vendanges débutent autour du 18 août, alors qu’elles avaient lieu mi-septembre il y a quelques décennies.
Pour faire face à ces défis, l’irrigation est autorisée depuis 2020 sous certaines conditions. « Importer de l’eau, c’est la solution la plus rapide et la plus, entre guillemets, facile, mais il est très important de réfléchir à tous les autres moyens qui pourraient aider la vigne à s’adapter au changement climatique », souligne Cédric Gravier. Des pistes sont explorées comme l’enherbement, l’agroforesterie, de nouvelles techniques de taille pour protéger les grappes, et le choix de cépages plus résistants aux températures élevées. L’objectif est de maintenir la typicité des vins de Bandol pour les décennies à venir.
La question de l’eau dépasse le cadre viticole et ouvre un débat sur le partage des ressources, pour lequel Cédric Gravier affirme : « Il faut vraiment construire ensemble cet usage, nous avons la chance d’avoir des discussions constructives. » L’AOC de Bandol, de par sa taille, peut expérimenter des adaptations plus fines. Le modèle viticole se réinvente lentement, en envisageant des diversifications comme les cultures complémentaires ou l’œnotourisme, afin de sécuriser l’avenir de l’activité.
Camping du Parc Mogador, des nouveaux défis environnementaux
Le secteur du camping, bien que souvent perçu comme intrinsèquement lié à la nature, fait face à de nouveaux défis environnementaux, notamment le stress hydrique et le risque accru d’incendie, même si la sobriété est une culture ancienne et profondément ancrée. Pour Vincent Gailledrat, dirigeant du camping Parc Mogador et président du syndicat de l’hôtellerie de plein air, la maîtrise des consommations est un enjeu économique structurel. En effet, l’eau et l’électricité représentent des postes de dépenses importants.
Cette culture de sobriété se manifeste par des équipements spécifiques mis en place depuis longtemps, comme les boutons-poussoirs dans les douches, les débitmètres et les systèmes de détection de fuite. Les piscines, qui sont les principales consommatrices d’eau, bénéficient également d’innovations. Vincent Gailledrat affirme qu’il existe désormais de nouveaux systèmes de filtres qui permettent de consommer 80 % de moins d’eau, grâce à l’automatisation du nettoyage qui remplace le lavage manuel.
Cependant, un défi majeur réside dans le comportement des vacanciers. Vincent Gailledrat déplore qu' »en vacances, aucun civisme », faisant référence au non-respect fréquent du tri des déchets et à la demande croissante d’équipements de luxe, comme les jacuzzis individuels.
Si la question de l’eau n’est pas encore une source d’inquiétude majeure pour son camping de Sanary-sur-Mer, le risque d’incendie est, lui, un sujet de préoccupation. Beaucoup de campings, y compris le sien, sont situés à proximité de zones à risque comme les autoroutes et les forêts, et plus de 80 % des départs de feu sont d’origine humaine. Pour faire face à ce risque, le Parc Mogador a investi dans des systèmes d’asperseurs.
Les campings doivent désormais intégrer la gestion des risques extérieurs (forêts, routes, terrains secs) dans leurs opérations quotidiennes. La densité des mobil-homes, le manque d’ombre et l’augmentation des températures soulèvent également des questions sur l’avenir du secteur. Malgré ces défis, Vincent Gailledrat reste optimiste, soulignant que « le camping s’est toujours adapté. Il n’y a pas de raison que cela cesse. »
À Sophia Antipolis, la start-up Mycophyto, spin-off de l’Université Côte d’Azur fondée en 2017 par Justine Lipuma et Christine Berrie-Boncet, s’attaque à un défi agricole majeur : la vitalité des sols. L’entreprise vise à exploiter la recherche en microbiologie pour revitaliser l’agriculture en réintroduisant des champignons mycorhiziens arbusculaires dans les terres cultivées. Ces minuscules organismes naturels forment une symbiose avec les racines des plantes, renforçant leur système racinaire et, selon Jean-Nicolas Detourbet, responsable du développement, « redonner une résilience au sol », en réactivant des processus naturels souvent dégradés par des décennies de pratiques agricoles intensives.
Les champignons améliorent la structure du sol, ce qui conduit à une meilleure rétention d’eau, une meilleure aération et un drainage optimisé. Juliette Laval, ingénieure agronome chez Mycophyto, souligne que « Ces champignons améliorent la structure du sol, ce qui permet une meilleure aération, un meilleur drainage ou, au contraire, une rétention plus efficace en cas de sécheresse. » Cette solution permet de réduire le stress hydrique jusqu’à 20 % et de stabiliser les rendements, avec parfois des gains de 30 à 45 % par rapport aux parcelles témoins, tout en diminuant drastiquement l’usage des traitements chimiques, parfois divisé par trois chez certains clients.
Grâce à une vaste base de données fongiques et des outils d’analyse du sol, l’entreprise est capable de créer des combinaisons de champignons spécifiques à chaque culture, à chaque terroir et même à chaque région. Jean-Nicolas Detourbet insiste : « Le mix que je vends au château de Roseline, situé aux Arcs-sur-Argens, ce n’est pas un mélange générique, c’est un mix qui a été fait dans le Var et qui est adapté à la spécificité du terrain. » Le modèle économique de Mycophyto est également attractif et rentable. Cette rentabilité séduit non seulement les exploitants agricoles, mais aussi les collectivités locales et les grands groupes.
| C’est ici, dans le Var, que s’achève le tour de France des Routes des Transitions, après un an à sillonner le pays à la rencontre de ceux qui façonnent une nouvelle réalité. Là où les contraintes d’aujourd’hui dessinent, pas à pas, les solutions de demain. |
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