Toulouse, quatrième agglomération de France, attire chaque année plus de 20 000 habitants, la pression sur le logement s’intensifie. Face aux défis du dérèglement climatique, la rénovation de son parc immobilier vieillissant devient une urgence. Des architectes et des professionnels de la construction expérimentent des solutions concrètes pour un habitat plus sobre et durable. La 26e étape des Routes des Transitions est allée à leur rencontre.
Laurence Ryckwaert et Arthur Chevignard, deux architectes toulousains, ont relevé le défi de construire un bâtiment passif en 2011, à contre-courant des normes de l’époque. Un concept visant un habitat plus écologique et ce, malgré le scepticisme. Le passif a deux objectifs, limiter les dépenses énergétiques l’hiver, mais aussi assurer un confort l’été.
Ce type de logement réduit drastiquement les frais de chauffage qui peuvent s’élever jusqu’à 2 000 euros. Ici, on parle de 20 à 250 euros par an. Grâce à une isolation ultra-performante, une ventilation double flux et des protections solaires efficaces, les occupants réalisent des économies substantielles.
La philosophie derrière cette démarche est claire : « Il vaut mieux investir dans de l’isolant que dans de l’énergie. » L’isolation est un investissement pérenne qui procure des bénéfices sur le long terme. Convaincre les institutions et les acheteurs n’a cependant pas été une mince affaire. C’est grâce à un partenariat solide avec le Crédit Agricole que le projet a pu voir le jour, soulignant l’importance d’une compréhension mutuelle au-delà du simple financement.
Au-delà des aspects techniques, ce projet incarne une vision de l’habitat urbain. Laurence et Arthur privilégient un urbanisme intelligent, dense et agréable, favorisant le lien social et les mobilités douces. Pour eux, l’adoption généralisée du passif passe par la formation des professionnels du bâtiment et une réglementation plus ambitieuse. La prise de conscience croissante des enjeux climatiques rend cette évolution inévitable, marquant « le sens de l’histoire ».
GA Smart Building se distingue dans le secteur de la construction à Toulouse par son choix stratégique de la préfabrication, adoptée depuis plus de vingt ans. L’entreprise emploie 1 000 collaborateurs, réalise 70 % de son activité hors-site. La majeure partie des éléments d’un bâtiment sont fabriqués en usine avant d’être assemblés rapidement et précisément sur le chantier. Cette méthode innovante réduit considérablement les délais de construction tout en maîtrisant l’impact environnemental, avec une réduction de l’empreinte carbone de 30 à 50 %.
Cette industrialisation de la construction contribue activement à la réindustrialisation du territoire. GA Smart Building dispose de huit usines en France, chacune desservant un rayon de 300 à 400 km. Ce réseau de production intégré assure un contrôle total de la chaîne, du béton aux menuiseries, garantissant ainsi la qualité et la traçabilité des matériaux. Cette approche favorise les partenariats avec des acteurs locaux. Elle répond aux défis écologiques et à l’enjeu d’indépendance industrielle. De plus, ces usines sont aussi utilisées par d’autres acteurs du secteur, renforçant la collaboration et le partage des ressources.
La modélisation numérique, notamment le BIM (Building Information Modeling), est un autre levier fondamental pour GA Smart Building. Cet outil permet d’optimiser tous les flux de production, anticipant chaque composant et assurant son positionnement précis au bon moment. Cette rigueur industrielle, loin d’entraver la créativité architecturale, la stimule en permettant une grande finesse dans la conception des projets et une meilleure gestion des ressources. L’efficience devient ainsi un moteur d’innovation plutôt qu’une contrainte.
Pour Sébastien Matty, président de GA Smart Building, la transformation du secteur du bâtiment est indissociable d’un accompagnement fort de l’État. La réglementation, comme la RE2020, est un levier essentiel pour faire évoluer les pratiques en fixant des objectifs clairs et ambitieux. Cette dynamique collective est déjà à l’œuvre chez GA, qui mise sur un écosystème collaboratif. L’entreprise travaille en coopération avec des start-up, des industriels et des architectes pour avancer ensemble vers des solutions de construction plus durables.
Le groupe des Chalets, par l’intermédiaire de sa filiale Garonne Développement, a mené une rénovation énergétique pionnière et rapide de 254 logements étudiants au sein de l’école nationale vétérinaire de Toulouse. Ce projet, véritable modèle d’efficacité, a transformé des bâtiments très énergivores en résidences sobres et confortables en un temps record : seulement trois mois. Cette prouesse a été rendue possible grâce à une méthode ingénieuse de préfabrication hors site de l’enveloppe extérieure, ce qui a permis d’éviter de déloger les étudiants durant les travaux.
L’impact de cette approche est considérable. L’opération a abouti à une réduction spectaculaire de 80 % de la consommation d’énergie primaire et à une division par huit des émissions de gaz à effet de serre. Ce succès s’inscrit dans une stratégie plus large de sobriété, où l’on privilégie une réflexion approfondie sur les usages avant de choisir les équipements.
Le Groupe a également mis l’accent sur la co-construction, en impliquant activement les usagers et les partenaires. Cette collaboration a non seulement optimisé les solutions techniques, mais a aussi favorisé une meilleure acceptation et appropriation des changements. Le projet de Toulouse est une démonstration concrète qu’une rénovation massive, rapide et économiquement viable est réalisable, à condition d’adopter une approche pragmatique et reproductible. Cette initiative pourrait bien servir de référence pour d’autres bailleurs sociaux souhaitant moderniser leur parc immobilier avec la même efficacité.
Oppidea Europolia se distingue non pas comme un simple bailleur ou constructeur, mais comme un véritable « opérateur de fabrique urbaine ». Cette entité publique joue un rôle central dans l’orchestration de la ville de demain à Toulouse, en pilotant l’aménagement de nouveaux quartiers et en accompagnant les acteurs privés. Leur positionnement hybride en tant qu’aménageurs et assistants à maîtrise d’ouvrage leur confère une influence significative, leurs opérations représentant entre 20 et 25 % de l’offre nouvelle de logements de Toulouse Métropole.
Leur action dépasse largement la simple construction. Environ 75 % de leur activité est dédiée à la création de l’écosystème urbain autour des bâtiments : mobilité, matériaux, biodiversité, usages et animation des lieux. L’idée maîtresse est de penser chaque projet comme un « morceau de quartier », inséré dans un tout cohérent. Cette philosophie se matérialise notamment dans les six nouveaux écoquartiers de Toulouse, conçus pour concilier performance environnementale, inclusion sociale et soutenabilité économique, et déjà alignés avec les objectifs climatiques de 2050.
L’aspect économique demeure crucial. Oppidea Europolia maintient une vigilance constante sur les coûts globaux afin de garantir l’accessibilité des logements sans compromettre les ambitions. En intégrant des solutions sobres, réversibles et durables dès la phase de conception, ils élargissent les marges de manœuvre. L’opérateur travaille en étroite collaboration avec les promoteurs et les collectivités pour assurer la cohérence entre les objectifs du quartier et les réalités du terrain. Pour Céline Gislard, la décarbonation exige une refonte des méthodes et des intentions : il faut désormais penser en système, dans la complexité. Oppidea Europolia se positionne ainsi comme un acteur majeur et revendiqué de la transition urbaine, facilitateur, assembleur et garant du sens global.
Instance politique du Crédit Agricole, la Fédération nationale du Crédit Agricole est une association loi 1901. Ses adhérents sont les Caisses régionales, représentées par leurs présidents et leurs directeurs généraux.
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