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[Etape 25] Sur les Routes des Transitions en Anjou Maine

Agri-Agro
Innovation

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Routes des Transitions Anjou Maine
© Jérémy Lempin

Entre bocage, rivières et douces collines, l’Anjou Maine incarne une ruralité dense et résolument agricole. Ici, l’élevage domine, avec près de 80 exploitations. En Anjou Maine, comme dans le reste de la France, les femmes représentent environ un tiers des chefs d’exploitation – une part encore marginale, mais en progression. La 25ème étape des Routes des Transitions a rencontré cinq femmes, qui incarnent une agriculture ancrée dans la société et forte de sa capacité d’adaptation.

Une agriculture connectée qui offre rigueur et innovation

Il y a quinze ans, Cindy Chauviré, s’est lancée dans l’élevage de génisses pour la production laitière. Un métier difficile qui lui a demandé beaucoup de travail, n’étant pas issue du monde agricole, pour être reconnue. Aidée de son mari, aujourd’hui, elle produit 38-40 litres de lait par vache et par jour, contre une moyenne nationale de 32. Cette performance est en partie due à la robotisation de l’exploitation. Pour elle, c’est un moyen de créer un système plus humain en allégeant les journées de travail. Le couple peut s’octroyer une journée de congé et se faire remplacer grâce à l’automatisation. Des robots gèrent le lisier, la distribution alimentaire et la traite Les vaches viennent quand elles le souhaitent. Cela réduit leur stress tout en restant efficace.

Cindy Chauviré affirme que « Plus on veut gagner du temps, plus on doit être techniquement performants. » Le monitoring précis et individualisé pour chaque vache via ordinateur ou smartphone permet de piloter les robots à distance et de surveiller l’élevage par caméras. Le temps gagné permet des pratiques alternatives comme l’acupuncture, l’ostéopathie et l’aromathérapie. « Je fais une séquence d’acupuncture et puis je vois la vache qui se détend, qui baille. » Ces méthodes améliorent le rendement laitier, comme l’a constaté l’apprenti Yohann : « Je ne sais pas comment, mais ça marche. » Cindy Chauviré promeut une agriculture connectée, échangeant avec des collègues via l’APLBC, misant sur la formation et la coopération. Elle ouvre sa ferme au public. Sa devise est claire : « C’est un métier passion mais on ne vit pas de sa passion. Notre but est de gagner notre vie en travaillant le mieux possible en un minimum de temps », tout en obtenant des résultats techniques remarquables.

La méthanisation du lisier et les panneaux photovoltaïques réduisent le bilan carbone et apportent un revenu complémentaire.

Vanessa Cherruau : une nouvelle voix dans la viticulture

Vanessa Cherruau, à la tête du Château de Plaisance, incarne une nouvelle génération de viticulteurs, bien qu’elle ne soit pas issue du milieu agricole et qu’elle se destinait au journalisme. Une « dégustation par le plus grand des hasards » et la rencontre avec un vigneron ont tout changé. « Je n’y connaissais rien mais j’ai tout de suite su que c’était ça que je voulais faire. » Elle se forme à l’ESA Angers et intègre le commerce du vin, explorant en parallèle les « vins en biodynamie ».

En 2019 elle acquière le Château de Plaisance, dont les terres sont en biodynamie depuis 2008. Elle poursuit dans ce domaine et impose son style, vinification précise, respect du vivant, de l’histoire et du lieu. « Je veux montrer qu’on peut faire du vin avec une vraie rigueur sans renoncer à l’émotion, » explique-t-elle, considérant le vin comme un outil culturel, social et politique. Son modèle aligné sur ses valeurs, implique des vendanges manuelles, des labours limités et des intrants réduits. « Je me refuse à tricher, même quand c’est tentant, » confie-t-elle. Le domaine produit six cuvées certifiées bio, en cours de certification biodynamique, avec une attention constante à la biodiversité et à la réduction de l’empreinte carbone.

Malgré les rapports de pouvoir complexes et la difficulté de s’imposer en tant que femme jeune, elle savoure sa liberté. « C’est en tant qu’indépendante que je peux faire ce que je veux : dire non à des marchés, expérimenter, affirmer un style. » Elle concilie les rôles de cheffe d’entreprise, vigneronne et communicante.

Au-delà du vin, Vanessa transmet une vision d’un métier alliant rigueur, créativité et engagement. Elle accueille régulièrement des jeunes et participe à des événements, affirmant : « Je crois qu’on peut changer les choses à notre échelle, en montrant que c’est possible. C’est ça, être vigneron aujourd’hui : défendre une esthétique, une éthique, et surtout du lien. »

Julie Avril et l’égalité des genres en agriculture

Face à la crise du renouvellement des générations en agriculture, Julie Avril s’engage à promouvoir un monde agricole plus inclusif, équitable et attrayant pour les femmes. Elle souligne que « En 50 ans, on a perdu deux tiers des exploitations agricoles, et dans les dix prochaines années, un agriculteur sur deux partira en retraite sans certitude de reprise. Il faut absolument élargir le vivier des candidats. » Pour cela, la chaire « Agricultures au féminin » a été créée en 2024 à l’ESA d’Angers, visant à lever les freins systémiques à l’installation des femmes. Les chiffres sont éloquents : seulement 26 % des chefs d’exploitation sont des femmes, et des inégalités persistent avec « 30 % de salaire en moins, accès plus difficile au foncier, sous-représentation dans les instances de décision ». De plus, « À projet équivalent, les femmes obtiennent des prêts moindres. » Julie et son équipe souhaitent produire des données genrées, former les acteurs agricoles et accompagner les femmes par du mentorat ou du coaching, pour donner à chacun « exactement les mêmes billes pour aller au même point d’atterrissage. » La chaire examine également la manière dont le métier est pratiqué. Statistique, les femmes s’installent plus tard, sur des exploitations plus modestes, avec une préférence pour les pratiques durables. Cependant, Julie insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de genrer les pratiques : « Une fois engagés dans un projet bio ou en biodynamie, hommes et femmes agissent avec la même exigence de soin et de respect du vivant. Ce qui change, c’est la difficulté d’y accéder. » Enfin, Julie met en lumière la puissance des représentations : « Comment voulez-vous qu’une jeune fille se projette dans un métier où elle sait qu’elle gagnera 30 % de moins, qu’on lui confiera moins de responsabilités, et qu’on lui laissera à peine conduire le tracteur pendant son stage ? » Pour contrer ces clichés, la chaire mène des actions dans les établissements scolaires et supérieurs pour démontrer que l’agriculture est un domaine d’innovation, de liberté, de lien avec le vivant, et un métier où l’on peut s’épanouir, quel que soit son genre.

Des ateliers de co-création pour un partage de connaissances

Mélanie Loubaud, chargée de mission Climat et Environnement à la Chambre d’agriculture Pays de la Loire, pilote des projets d’innovation et d’adaptation au changement climatique. Elle coordonne des expérimentations et construit des projets multi-acteurs, en animant des ateliers de sensibilisation. Elle déclare : « On travaille à l’échelle de systèmes territoriaux, avec des agricultrices et agriculteurs, des collectivités, des syndicats d’eau, des institutions, des associations…

Dans ces espaces de co-construction, les émotions jouent un rôle clé, aidant à concrétiser les enjeux et à engager les participants. Mélanie observe que les femmes sont souvent plus enclines à exprimer leurs ressentis, ce qui peut faciliter une dynamique sensible et partagée.

Ces ateliers demandent une posture de facilitateur ou de coach plutôt qu’une expertise. « En matière de transition, les solutions doivent venir du terrain. Il faut être capable de croiser les regards, de faire circuler la parole, et parfois de faire un pas de côté pour construire autrement. » Cette capacité à travailler en transversal et à relier les silos (eau, sol, énergie, biodiversité) est essentielle pour le succès des projets que Mélanie pilote. Il s’agit d’accompagner plutôt que de prescrire.

Pour elle, coopérer implique de reconnaître la diversité des points de vue, de donner à chacun la place de s’exprimer et de bâtir des réponses adaptées à chaque territoire. « Le rôle de l’animation, c’est de poser les bonnes questions, au bon moment. De ne pas chercher à convaincre, mais à faire comprendre. » Cette approche gagne en importance face à la complexité croissante du monde agricole.

Concilier performance économique et équilibre personnel

Virginie Defay, à la tête du marché de l’agriculture du Crédit Agricole Anjou Maine, observe les profondes mutations du monde agricole. Elle résume : « Aujourd’hui, on ne parle plus d’une famille au service de l’exploitation, mais bien d’une exploitation au service d’un projet de vie. » Elle voit dans la modernisation et la diversification une opportunité de rendre le secteur plus attractif, notamment pour les femmes, malgré les défis de renouvellement des générations.

L’agriculteur ou l’agricultrice d’aujourd’hui ne peut plus se limiter à la production. Virginie Defay explique : « Il faut aussi s’occuper de la vente, de la gestion, du management, de la communication… et même devenir chercheur, pour adapter son exploitation aux enjeux climatiques. » Cette complexification du métier, loin de l’image passée, attire de nouveaux profils si les conditions de travail et de rémunération suivent. C’est, selon elle, un levier essentiel pour attirer plus de femmes dans un secteur perçu, à tort, comme masculin.

Face aux aléas climatiques constants, les exploitations doivent s’adapter continuellement. Virginie constate que les exploitations plus résilientes sont souvent celles qui s’appuient sur la coopération. Elle observe : « On voit émerger des groupes de travail, des pratiques alternatives, une vraie culture de l’échange. » Ceux qui expérimentent et mesurent leurs décisions sont mieux armés. Elle insiste : « L’adaptation passe aussi par l’ouverture à l’autre. » La qualité de vie est un facteur d’attractivité crucial pour Virginie. Elle affirme : « Aujourd’hui, on ne peut plus proposer un métier qui exige de travailler 7 jours sur 7. Les nouvelles générations veulent aussi vivre en dehors de l’exploitation. » L’innovation (robotique, numérique) peut concilier performance économique et équilibre personnel. Ce rééquilibrage ouvre la voie à un modèle agricole plus mixte, humain et adapté aux aspirations actuelles.

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