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[Etape 22] Sur les Routes des Transitions en Centre-Loire

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© Jérémy Lempin

Avec un peu plus de 200 000 habitants, la Nièvre fait partie des départements les moins peuplés de France. Avec une activité économique significative – métallurgie, mécanique, agriculture – le reste du territoire repose largement sur des exploitations agricoles et une économie de services dispersée. Trouver une place dans une économie locale en mutation et construire un avenir dans un territoire exposé au changement climatique, il s’agit là d’un double défi pour les jeunes. Ils s’y impliquent activement. La 22e Route des Transitions est allée à leur rencontre.

Deux amis niversois révolutionnent l’upcycling du textile

Simon Peyronnaud et Mathieu Khouri, amis d’enfance à Nevers, ont fondé Losanje fin 2020, une entreprise pionnière dans l’upcycling textile. Après des études à Sciences Po et en école de commerce, ils sont revenus dans leur région natale avec l’ambition de « créer une nouvelle économie » en repensant le modèle textile actuel qu’ils jugent basé sur la surproduction et l’exportation de déchets. Leur solution : le surcyclage, qui transforme des vêtements et tissus en fin de vie ou invendus en de nouveaux produits à faible impact écologique.

Le choix de s’implanter dans la Nièvre n’est pas anodin. Selon Mathieu Khouri, « Ici, on avait de la place, du soutien, une communauté de partenaires à portée de main. Dans la Nièvre, nous ne sommes pas une goutte d’eau parmi tant d’autres. » Soutenus par le Village by CA, ils ont développé à Nevers une ligne de production unique pour découper automatiquement les vêtements usagés. Abandonnant rapidement le BtoC pour le BtoB, Losanje s’est positionné comme un opérateur industriel, un pari audacieux que Simon Peyronnaud justifie : « L’upcycling impose un changement de paradigme. Nous, on est arrivés avec notre naïveté et notre audace, et on s’est demandé pourquoi ce n’était pas déjà industrialisé. »

Aujourd’hui leader européen de l’upcycling, Losanje produit des milliers de pièces pour des clients comme La Poste et la SNCF, à partir de bâches usagées et de revêtements de sièges, et collabore avec des marques de mode. Plus de 100 000 pièces surcyclées ont été créées depuis 2023. L’entreprise emploie 19 personnes et travaille en partenariat avec le réseau d’ateliers inclusifs Résilience pour l’assemblage et la couture. Leur ambition est « industrielle, mais elle reste humaine », résument-ils. Et comme le conclut Mathieu : « On ne savait pas que c’était impossible, alors on l’a fait. »

Restaurant Cinquante-Huit : Quand l’assiette raconte un territoire

Le 21 mai 2024 a vu l’inauguration à Nevers du restaurant Cinquante-Huit, une initiative de Charles Desmarquoy et du chef Jean-Guillaume Rupin qui place l’ancrage local au cœur de son concept. Le nom, un hommage au département de la Nièvre, est aussi un engagement : 90% des produits proviennent d’un rayon de moins de 58 kilomètres. Fort d’une expérience variée, Charles Desmarquoy revient dans sa région natale avec une conviction : « c’est possible » de conjuguer cuisine savoureuse, engagement environnemental et valorisation du terroir.

Cinquante-Huit se veut plus qu’un simple restaurant, se définissant comme un véritable « projet de territoire ». L’approche va au-delà de l’assiette, avec une conscience de l’impact sur les paysages, les transports et le travail des producteurs locaux. Le restaurant pratique la lactofermentation pour diversifier son offre hivernale et adapte sa carte aux récoltes hebdomadaires d’une vingtaine de producteurs partenaires situés à proximité. L’ambition est claire : « créer des débouchés concrets pour des petites fermes durables, et démontrer que la résilience passe par l’ancrage. »

Pour Charles Desmarquoy, la jeune génération ne rejette pas le passé mais le réinterprète : « Beaucoup de techniques ancestrales ont été perdues, on les réapprend aujourd’hui avec humilité. » La cuisine de Cinquante-Huit est ainsi un métissage de traditions locales et d’influences glanées au fil des voyages des fondateurs, servie dans un lieu chargé d’histoire nivernaise. L’objectif ultime est de rendre les habitants fiers de leur territoire et de leur montrer que « dans leur assiette, il y a déjà un avenir en train de se dessiner. »

Avec ‘La Petite Ferme » Pascaline Loquet incarne une nouvelle génération d’agriculteurs

A moins de 8 kilomètres du restaurant Cinquante-Huit, Pascaline Loquet, 41 ans, incarne une nouvelle génération d’agriculteurs. Ingénieure agronome de formation, elle a longtemps livré ses conseils aux exploitants normands. Un mutation de son mari et une opportunité d’acquisition de terrain ont changé sa vie. Depuis 2020, elle se consacre à un projet agricole en bio à taille humaine « La Petite Ferme ». Pour elle, « on part souvent avec des conseils, mais je me suis aperçue que c’est surtout la pratique qui forge vraiment notre vision. »

Loin des modèles préétablis, Pascaline adapte constamment son approche. Initialement axée sur l’élevage ovin, elle a diversifié avec succès vers la culture de petits fruits (fraises, framboises, cassis, raisin de table) sur un hectare pour équilibrer son activité. Chaque saison apporte son lot de défis, de la sécheresse aux aléas mécaniques, mais comme elle le confie, « Je n’ai jamais de périodes creuses. » Seule sur son exploitation, elle innove et automatise avec l’objectif d’un équilibre viable, percevant sa ferme comme « un milieu vivant dans lequel je m’insère. »

Son approche se distingue par une volonté de favoriser la biodiversité, à travers la replantation de haies et d’essences fruitières, et par un choix radical de vente directe, privilégiant le lien humain avec ses clients. « Je montre tout, je cache rien », affirme-t-elle, soulignant une transparence rare et une volonté de faire de l’agriculture un sujet de dialogue. Ancrée dans son territoire et ouverte au monde, La Petite Ferme est le reflet d’une agriculture en pleine mutation, où le respect du vivant et la connexion humaine sont des piliers essentiels.

Un Campus connecté à Nevers, pour stimuler la vie étudiante

Sous l’impulsion du maire de Nevers, Denis Thuriot, le nombre d’étudiants est passé de 2000 à 3000 en moins de huit ans. . « Nous sommes parti d’un constat : une ville médiane sans étudiants, c’est une ville qui meurt à petit feu », explique Christophe Lasserre, directeur de l’Enseignement supérieur et de la recherche à Nevers Agglomération. Avec un portefeuille de formations en ligne, Nevers s’est hissée au premier rang national en nombre d’inscrits sur son Campus connecté. Avec ce dispositif, des freins économiques, familiaux, psychologiques sont levés, nous précise Christophe Lassere. Le Campus connecté participe à stimuler la vie étudiante et le tissu économique local. Un étudiant dépense chaque année 600 euros pour ses besoins (logements, nourriture, culture…). Avec 3000 étudiants à Nevers, 18 millions d’euros sont dépensés chaque année sur le territoire. « Un pilier économique à part entière’, révèle Christophe Lasserre. BTS, licences et cycles courts sont pensés avec les entreprises du coin. Chaque filière vient combler un manque, y compris en ayant en tête la problématique des déserts médicaux. Le but n’est pas de garder les jeunes à tout prix mais de leur montrer que des opportunités peuvent se construire. « Ils peuvent partir pour tout ou partie de leur cursus mais on veut aussi qu’ils aient en tête qu’ils peuvent revenir », conclut l’expert enseignement supérieur.

Des jeunes qui veulent redonner à leur territoire ce qu’ils y ont reçu

Cinq étudiants originaires de la Nièvre et scolarisés à Sciences Po Paris ont fondé l’association De la Nièvre aux Grandes Écoles. Constatant que de nombreux talents de leur département natal s’autocensuraient, ils ont souhaité agir . « On a vu des talents incroyables s’autocensurer, juste faute d’information ou par peur des grandes villes. On s’est dit qu’il fallait faire quelque chose », explique Walid Kadoussi, cofondateur de l’association.

L’association repose sur trois piliers : informer, accompagner (via un mentorat personnalisé) et aider financièrement (avec un système de bourses). Chaque mentor est issu d’un lycée nivernais. Plus de 160 jeunes ont déjà bénéficié de ce dispositif, certains devenant mentors à leur tour. Walid Kadoussi insiste sur la création d’« une communauté d’appartenance, une fierté d’être Nivernais. »

En six ans, l’association a pris de l’ampleur, comptant près de 80 membres actifs et un réseau de partenaires. Elle a accompagné plus de 139 lycéens et distribué huit bourses de 6 000 euros. L’accueil sur le territoire témoigne d’un besoin important et d’un désir d’émancipation. Pour Walid, l’objectif est de permettre aux jeunes de « pouvoir choisir », et de faire rayonner la Nièvre comme un vivier de talents. L’association encourage les jeunes à partir, puis à revenir par choix et par engagement.

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