Le liège, un matériau à l’avenir prometteur

Depuis la fin des années 60, la production a connu un fort recul, la faute à quelques hivers rigoureux et à une concurrence étrangère âpre. Lièges HPK en témoigne : aujourd’hui, 100 % du liège que la société utilise est importée du Portugal. Une situation qui ne satisfait pas Agnès de Montbrun, la présidente de la société.

Très attachée au Lot-et-Garonne, elle participe activement à l’association « Le Liège Gascon », qui œuvre, depuis 2005, à la relance de la filière en Gascogne. « Le réchauffement climatique va faire remonter cette essence depuis le Portugal et va migrer vers notre région », affirme la présidente. Cette perspective ouvre la voie à une exploitation accrue du chêne-liège en Aquitaine, un défi de long terme qui nécessite l’engagement des propriétaires forestiers et des pouvoirs publics. Il faut entre vingt-cinq et trente ans pour pouvoir commencer à exploiter le liège de cet arbre. « Il est nécessaire de patienter une vingtaine d’années pour récolter la première écorce, le liège mâle, qui n’est pas exploitable car de mauvaise qualité. Puis, dix à douze ans plus tard, on peut commencer à récolter le liège femelle, qui est lui de très bonne qualité », détaille la présidente.

HPK travaille pour le spatial et la défense

La qualité, une nécessité pour Lièges HPK, qui fournit des secteurs de pointe. « Aujourd’hui, notre entreprise est une PME de 25 personnes qui fait 3,2 millions d’euros de chiffre d’affaires et travaille à 60 % pour le spatial et la défense », explique Agnès de Montbrun.  « Avec notre liège, nous sommes même allés sur Mars ! » En 2016, le bouclier de la capsule Schiaparelli était doté du liège de la société gasconne. C’est le seul liégeur, en France comme en Europe, à envoyer son liège dans l’espace.

« On travaille avec Ariane Group depuis maintenant presque vingt ans. On a développé toute une collection de pièces qui sont fabriquées dans nos ateliers. Nous sommes aussi présents dans les sous-marins militaires français », précise Agnès de Montbrun. Le liège est en effet très recherché pour ses qualités d’isolant acoustique et thermique ainsi que pour sa capacité à réguler l’hygrométrie dans les zones habitées exigues. Imputrescible, ce matériau biosourcé est aussi très demandé pour équiper le pont des bateaux. Abrasif, il sert au polissage du verre et du cristal. Autant d’usages qui vont bien au-delà de la fabrication de bouchons pour la production viticole de la région.

Tenace, Agnès de Montbrun rêve d’une production 100 % française. Pour concrétiser cette ambition de relocalisation de la production de sa matière première, l’entreprise mise sur une meilleure structuration de la filière en Lot-et-Garonne. « Ce qu’il faut, c’est peut-être une sensibilisation des pouvoirs publics, des propriétaires… et un appui financier », souligne la présidente. Un pari sur l’avenir qui pourrait renforcer l’indépendance industrielle française et ancrer durablement la filière du liège dans l’économie locale. Un pari qui pourrait aussi aider à rendre les forêts françaises plus résilientes puisque le chêne liège est une essence qui résiste bien aux incendies, qui aime les climats chauds et secs, peut vivre jusqu’à 200 ans environ et permet donc une pratique de récolte durable avec son écorce qui se régénère.