Vers un entrepreneuriat engagé

Quels sont vos principaux objectifs en matière de soutien aux professionnels et quelles sont vos spécificités pour y parvenir ?

C. V. Bien plus qu’un réseau, France Active veut créer un mouvement d’entrepreneurs engagés pour une société solidaire et durable. Sa mission : « Accélérer la réussite des entrepreneurs en leur donnant les moyens de s’engager ». Chaque entrepreneur peut répondre aux besoins sociaux, accompagner la transition énergétique, réduire les inégalités en créant des emplois. France Active et ses 35 associations territoriales conseillent et financent les entrepreneurs, leur donnant accès à un réseau unique d’acteurs économiques et sociaux. En 2024, avec ses deux sociétés financières, France Active a accompagné plus de 37 000 entreprises.

Depuis une dizaine d’années, quels changements ou tendances observez-vous ? Y a-t-il davantage de projets d’entrepreneuriat engagé ?

C. V. L’entrepreneuriat engagé s’est développé significativement avec la diversification des projets dans des secteurs comme l’économie circulaire et le numérique responsable. Une nouvelle génération d’entrepreneurs, particulièrement sensible aux enjeux sociaux et environnementaux, porte aujourd’hui des initiatives alliant utilité sociale et viabilité économique. Par ailleurs, des inégalités territoriales persistent dans le développement des projets de l’économie sociale et solidaire (ESS), certaines régions bénéficiant d’un écosystème plus favorable que d’autres. Ainsi, la pérennisation du secteur nécessite un accompagnement renforcé des porteurs de projet et des mécanismes de financement adaptés à leurs spécificités, tels que proposés par France Active.

Dans un contexte de hausse des défaillances d’entreprises (en 2024), comment France Active aide-t-elle les professionnels à surmonter ces difficultés ?

C. V. Dans un contexte économique incertain, en 2024, France Active a mobilisé 491 M€ et permis la création ou la consolidation de 70 000 emplois. Les entreprises ainsi soutenues affichent un taux de pérennité supérieur de 9 points à la moyenne nationale. Parmi elles, nous constatons que ce sont les associations qui ont le taux de pérennité le plus élevé. Cela s’explique en partie par le fait que, dans un contexte économique maussade, les structures de l’ESS sont plus résilientes, du fait notamment de la spécificité de leur statut (lucrativité limitée et réinvestissement d’une partie des bénéfices en leur sein), du développement d’un capital patient, moins soumis aux variations du marché, et de la forte dimension démocratique de leur gouvernance qui constitue un rempart contre l’instabilité économique. Par ailleurs, France Active met en place des solutions de financement et d’accompagnement adaptées aux structures en phase de relance, venant ainsi en supplément des solutions bancaires existantes.

Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontés les professionnels aujourd’hui ?

C. V. Les entrepreneurs, aujourd’hui, font face à plusieurs défis majeurs : la fragilité économique due aux crises, la précarité entrepreneuriale avec des rémunérations insuffisantes/limitées et la difficulté à se projeter sur le long terme. Ils doivent aussi s’adapter aux nouveaux modes de consommation, aux enjeux liés à la digitalisation dont la démocratisation de l’IA, à la crise climatique et énergétique, à l’augmentation des besoins sociaux et aux tensions sur les finances publiques.

Y a-t-il un/des profils d’entrepreneurs de l’ESS qui se dégage(nt) aujourd’hui ?

C. V. Si les profils peuvent être variés en âge, parcours professionnels et personnels, de nombreux points communs les rassemblent sur les motivations qui les poussent à se lancer non seulement dans l’entrepreneuriat, mais de l’enrichir des spécificités de l’ESS, où l’intérêt personnel n’est pas la seule raison d’agir. Leur ancrage territorial est de mise, en lien fort avec des parties prenantes variées : bénéficiaires, élus, financeurs… Être entrepreneur dans l’ESS, c’est développer son projet autour de valeurs fortes : l’altruisme, l’engagement et l’intention collective. C’est aussi la volonté de faire bouger les lignes, de coopérer, d’innover socialement, de penser l’économie autrement.

Quelles sont, selon vous, les forces du partenariat avec le groupe Crédit Agricole ? De quelle manière travaillez-vous ensemble ?

C. V. Le partenariat avec le Crédit Agricole est un atout majeur pour France Active. Actionnaire de notre société de garantie, il partage notre ancrage territorial. La proximité de nos deux réseaux pour accompagner les entrepreneurs est un atout pour les rendre autonomes dans le développement de leur projet. La coopération se manifeste par l’implication des collaborateurs du Crédit Agricole dans nos instances décisionnelles. Il soutient nos actions sur les territoires en participant à des événements de sensibilisation et en s’impliquant dans nos programmes d’incubateurs engagés ainsi que dans les concours d’entrepreneurs. Grâce à ce partenariat, les clients du Crédit Agricole représentent plus d’un porteur de projet sur trois parmi le nombre de prêts garantis par France Active.

Comment imaginez-vous l’avenir ? Les tendances ?

C. V. L’avenir de l’entrepreneuriat présente de nombreuses opportunités. La prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux ouvre la voie à des innovations durables et responsables. Les entrepreneurs agiles, ancrés dans leur territoire et capables d’adapter leurs modèles économiques aux évolutions apportent une proposition de valeur différenciante. La coopération accrue entre acteurs économiques favorisera des synergies et des projets collaboratifs. Enfin, les modes de gouvernance coopératifs permettront de mieux répondre aux défis futurs tout en stimulant l’innovation et la résilience.

« En 2024, France Active a mobilisé 491 M€ et permis la création ou la consolidation de 70 000 emplois. »

Le mot de Dominique Mahé

« France Active Garantie facilite l’accès au crédit bancaire pour les publics éloignés, tels que les femmes, les habitants des quartiers prioritaires et les entrepreneurs en zone rurale. Grâce à un système de garantie d’emprunt couvrant jusqu’à 80 % du montant du prêt en cas de défaillance, les banques sont sécurisées et les financements bancaires sont facilités. Ce mécanisme limite la prise de caution personnelle, permettant aux entrepreneurs de mener leurs projets sereinement. France Active accompagne également les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) avec des offres de financement, des conseils, le déploiement de contenus via des formats originaux (guides, webinaires, réseaux sociaux). Nous menons également des campagnes de sensibilisation pour expliquer et promouvoir le recours à l’investissement. »

Dominique Mahé, président de France active Garantie. © France Active