CAST, un métier au service des territoires

Pourquoi Crédit Agricole Santé & Territoires a-t-il été créé ?

Richard Laborie : Créé en 2023, Crédit Agricole Santé et Territoires (CAST) a pour mission de répondre à deux enjeux sociétaux majeurs : d’une part faciliter l’accès aux soins dans les territoires dans un contexte où près de sept millions de Français n’ont pas de médecins traitants et, d’autre part, accompagner le vieillissement de la société avec l’augmentation attendue des plus de 75 ans en France. Nous sommes sur des mouvements de fond et de long terme. Il paraissait logique que le Crédit Agricole, en cohérence avec son ADN mutualiste et coopératif, s’engage par rapport à ces deux enjeux auxquels chacun d’entre nous est confronté.

« Nous voyons ainsi tout l’intérêt de proposer aux territoires en difficulté l’association de maisons de santé et de télémédecine« . Richard Laborie, Directeur général du Crédit Agricole du Languedoc et président de Crédit Agricole Santé & Territoires

Comment, concrètement, CAST agit-il ?

Pierre Guillocheau : L’objectif est de partir d’un territoire donné (bassin de vie, département, agglomération, métropole), d’en appréhender les enjeux et de défi nir des plans d’actions, bien sûr en articulation complète avec les Caisses régionales et en travaillant toujours avec l’ensemble des acteurs de ce territoire (élus, ordres, ARS, CPMA, URPS…). Nous sommes là pour accompagner et fédérer. Crédit Agricole a un ADN territorial, nous capitalisons dessus et nous nous positionnons en tiers de confiance. En termes de solutions, Crédit Agricole propose une « boîte à outils » de leviers qui seront activés en fonction des enjeux propres au territoire, sans a priori et sans dogmatisme : maisons de santé, centres de santé, pôle de santé, ambulatoire « hors les murs », télémédecine assistée. L’approche peut aussi conduire à « repositionner » ou à « passer à l’échelle » des initiatives existantes. L’enjeu est double : respecter bien sûr strictement le parcours de soins et la réglementation, et dans le même temps, anticiper des évolutions de fond en cours (nouveaux comportements, exercice collectif, rôle des infirmiers, technologie complétant l’humain, etc.).

« Nous sommes là pour accompagner et fédérer ».

Pierre Guillocheau, Directeur général de
Crédit Agricole Santé & Territoires

En quoi peut-on parler d’un nouveau métier ?

R. L : À travers CAST, nous sommes pleinement opérateur de solutions. Pour répondre aux enjeux, nous menons des acquisitions ciblées d’acteurs reconnus dans l’écosystème. Nous l’avons fait avec Omedys (télémédecine assistée), Office Santé (maisons de santé), Medicalib (soins à domicile et prévention), Cette Famille (habitat inclusif) et plus récemment Petit-Fils (services à domicile pour seniors). Nous ne sommes pas investisseurs ou partenaires, nous sommes majoritaires à chaque fois, cela nous permet de maîtriser pleinement les activités et de les combiner. Nous voyons ainsi tout l’intérêt de proposer aux territoires en difficulté l’association de maisons de santé et de télémédecine.

Avez-vous des exemples concrets de projets ?

P. G : Bien que CAST soit une structure jeune, nous avons pu enclencher des projets ambitieux de territoire. La Caisse de Val de France et CAST ont été mandatés par l’agglomération de Chartres pour apporter une réponse globale aux difficultés d’accès aux soins sur son territoire dans un contexte à la fois de vieillissement et d’arrivée de nouvelles populations avec l’implantation de nouvelles entreprises. Nous développons un projet de santé incluant la construction d’une importante maison de santé dont l’ouverture est prévue fin 2026 et le déploiement dès septembre 2025 d’un dispositif de télémédecine. En Haute-Garonne, avec Toulouse 31, et en fédérant l’ensemble des acteurs de la santé, nous venons d’ouvrir un dispositif de télémédecine. Parallèlement plusieurs maisons de santé sont en cours de déploiement. D’autres projets sont également en cours, toujours en articulation étroite avec les Caisses régionales de Crédit Agricole.

Pouvez-vous nous parler de votre dernière acquisition, Petits-Fils ?

R. L : Petits-Fils est le leader des acteurs du service aux seniors à domicile. Nous avions identifié dès le départ cette thématique du maintien à domicile comme un enjeu clé et l’avions intégré dans la feuille de route de CAST. La France va fortement vieillir au cours des trente prochaines années et 90 % des plus de 75 ans vivront à domicile. C’est ce qu’on appelle la révolution du « virage domiciliaire ». Nous serons plus vieux, nous vivrons plus longtemps, le domicile va devenir clé, lieu de vie et lieu de soins. Les plus de 75 ans auront besoin d’aides et de services. Cela d’autant plus que la contribution des aidants ne sera plus la même que pour les précédentes générations de seniors. C’est dans ce contexte de profonde transformation démographique et sociologique que nous avons opéré l’acquisition de Petits-Fils qui a une très forte image de marque avec un haut niveau de satisfaction clients.

Quelles sont vos priorités pour les trois prochaines années ?

P. G : Nous avons trois enjeux. D’abord industrialiser et passer à l’échelle nos différentes briques de la boîte à outils CAST. Toutes nos entités ne sont pas au même niveau de maturité et si nous voulons apporter une réponse globale, nous devons homogénéiser nos approches. Ensuite, développer les synergies entre nos entités. Il y a par exemple un grand sens à combiner maisons de santé et télémédecine pour répondre aux enjeux d’un territoire. Enfin, nous devons apporter du business aux Caisses régionales. CAST développe des liens très forts avec les responsables de l’écosystème de la santé partout dans les territoires. Cela nous donne une légitimité très forte, tant sur le nouveau métier que dans les domaines de la banque et de l’assurance. C’est pourquoi nous travaillons aujourd’hui avec les marchés de CASA et la FNCA sur le développement d’offres manquantes permettant d’apporter une réponse globale aux professions de santé.