« Notre structure a été créée en 2008, indique Lucia Rébillon-Leduc, responsable Points Passerelle et Développement durable du Crédit Agricole Normandie. Aujourd’hui nous disposons de trois antennes – à Caen, Saint-Lô et Alençon – animées par quatre conseillères. »
Ce lundi 6 janvier, Françoise Delage et Corinne Houlette, les deux conseillères de Caen, ont un planning bien rempli, avec de nombreux dossiers à suivre et des rendez-vous clients pour chacune.
Un conseiller Passerelle à l'écoute
En milieu de matinée, Françoise rencontre Christine pour son suivi mensuel. Cette « quinqua » dynamique est entrée dans le dispositif Passerelle en novembre dernier à la suite de sérieuses difficultés financières liées à une séparation. Elle devrait bénéficier du service pendant un an – « moins j’espère !, précise Christine en souriant – mais, pour l’heure, l’urgence est d’apurer les dettes qui se sont accumulées au fil des mois.
Dans cette optique, Françoise et Christine ont élaboré ensemble un plan prévisionnel de trésorerie – en collaboration avec la conseillère financière habituelle de la cliente – qu’elles décortiquent point par point lors du rendez-vous.
Loin d’être un simple bilan des semaines écoulées, la rencontre permet concrètement de faire avancer les choses : un coup de téléphone au Trésor public pour comprendre l’origine d’un prélèvement mystère, un autre au syndicat intercommunal qui gère l’approvisionnement en eau pour demander une mensualisation des prélèvements, un modèle de courrier de demande d’annulation de frais de dossier pour un chèque honoré en retard… Christine repart souriante et l’on sent que la confiance est en train de revenir peu à peu, avec la conviction de pouvoir reprendre son histoire en mains.
Un accompagnement personnalisé
En début d’après-midi, Corinne accueille Jacques et Véronique, la cinquantaine tous les deux. Ils ont déjà connu des problèmes de surendettement dans le passé et, depuis quelque temps, la dégradation de la santé de Véronique se traduit par de nouvelles turbulences.
C’est leur premier contact avec un Point Passerelle : dans une ambiance rapidement détendue, le rendez-vous durera plus de deux heures et, pendant tout ce temps, l’état de leur compte bancaire restera à l’arrière-plan : « On ne parle presque pas d’argent, remarque Jacques. Mais on parle de notre vie et cela nous fait du bien de voir qu’on nous écoute. Ce que vous faites là, c’est très loin de l’image qu’on a de la banque ! »
Au cours de cet entretien, Corinne analyse en détail le dossier du ménage avant d’envisager un éventuel accompagnement. Ses préconisations passeront ensuite en commission Passerelle à la Caisse régionale et, si le dossier est validé, un soutien sera proposé au couple pour une durée qui peut aller de trois mois à un an prolongé, si besoin, par un suivi assuré par des administrateurs bénévoles de leur Caisse locale.
L'éducation budgétaire des ménages, une priorité
En 2013, le Point Passerelle du Crédit Agricole Normandie a enregistré un peu plus de 300 nouveaux dossiers et les quatre conseillères ont organisé un millier de rendez-vous. L’âge moyen des personnes accompagnées est de 41 ans. La grande majorité (80 %) sont employés ou ouvriers avec un revenu moyen de 1 700 euros par ménage, « mais cette année, les profils se sont diversifiés avec l’arrivée de personnes issues de catégories socio-professionnelles réputées plus privilégiées, nuance Lucia Rébillon-Leduc. Ainsi, nous avons accueilli un architecte à la retraite, des enseignants, un comptable, un inspecteur des impôts, un greffier… »
Dans la plupart des cas, les difficultés financières subies sont liées à une perte d’emploi (33 %), une maladie (23 %) ou un divorce (21 %). « Au total, conclut Lucia Rébillon-Leduc, 1 450 familles clientes du Crédit Agricole Normandie ont été accompagnées depuis 2008 et près de 6 sur 10 ont été pleinement remises en selle à l’issue du suivi Passerelle. Pour aller plus loin, nous devons continuer à travailler avec les Caisses locales pour améliorer la détection des situations fragiles et mettre davantage l’accent sur le volet éducation budgétaire qui nous semble aujourd’hui réellement prioritaire. »